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[PORTRAIT] Entrevue avec Dariane Sanche – Photographe


L’équipe DS Sanchez
Droite: Marc-Antoine Gascon (Gestionnaire)
Gauche: Dariane Sanche (Photographe)


Entretien avec Dariane Sanche – Photographe

Pourriez-vous vous présenter, en quelques mots?

J’ai 28 ans et je suis photographe professionnelle, spécialisée en photographie de mode, portrait beauté, photo éditoriale et commerciale. Malgré mon jeune âge je compte déjà un peu plus de 10 ans d’expérience. D’ailleurs, je possède aujourd’hui mon propre studio de photographie à Montréal, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.

Comment et pourquoi êtes-vous devenue photographe?

Je suis née à Mont-Laurier dans les Hautes-Laurentides et j’ai vécu mon enfance sur un territoire montagneux bordé de lacs et de réserves naturelles. Très jeune, j’ai été inspirée par la haute couture, les textures, la nature et le style classique.

Grandir avec la montée des réseaux et les plus récentes techniques digitales m’ont permis de m’ouvrir sur le monde et, avant tout, sur l’industrie de la mode.

Je n’ai jamais vraiment fait le choix de devenir photographe. Mon cheminement s’est fait un peu par hasard grâce à ma passion pour les arts. Jeune, j’ai rapidement développé mes aptitudes sur Photoshop. Entre 9 et 16 ans, c’était déjà très impressionnant ce que j’arrivais à faire sur ce logiciel. J’avais beaucoup d’idées créatives que je désirais mettre sur pied, mais je devais aller au-delà de Photoshop pour les concrétiser.

C’est un projet scolaire au secondaire qui m’a initié à la photo. J’ai compris tout le potentiel qu’il y avait en combinant la photographie et la retouche. Je pouvais désormais réaliser les tableaux créatifs que je m’imaginais.

Une passion grandissante s’est rapidement développée chez moi, celle d’exprimer mon art par des concepts et des mise en scène créatives. De fil en aiguille, des gens se sont intéressés à ce que je faisais. Une demande grandissante pour mon style de photographie m’a fait évoluer dans le milieu et m’a menée où je suis présentement.

Avez-vous une ou des spécialisations? Quels sont les types de contrats sur lesquels vous travaillez en général?

En tant que photographe professionnelle je me spécialise en photographie de mode, beauté, portrait, éditorial et commercial. Mes contrats varient souvent, mais de façon générale, il m’arrive de collaborer avec des compagnies pour refaire leur image de marque, réaliser des « lookbooks » et des campagnes pour des compagnies de vêtements et de bijoux, concevoir des séances photo pour des magazines, collaborer avec des artistes de la scène artistique musicale, créer des portfolios pour des mannequins professionnels, etc.

©Dariane Sanchez

Quelle est l’ampleur de la liberté créative que l’on vous octroie dans vos contrats?

Bien que mes types de contrats peuvent souvent varier, la majorité de mes clients m’accordent une très grande liberté créative. De façon générale, lorsque mes clients me choisissent pour être leur photographe, c’est parce qu’ils aiment mon style de photographie, la sensibilité et l’émotion qu’il y a dans mes images. Si j’accepte un contrat, c’est pour le réaliser dans mon style. De cette façon, mes contrats me donnent une belle liberté créative.

Quelle partie de votre travail préférez-vous?

J’adore tout le processus créatif et artistique derrière mon travail, de l’idée notée dans un cahier à un concept bien élaboré. Concevoir des décors et des costumes spécialement pour cette idée, prendre les photos et retoucher ces images. C’est ce qui me motive le plus!

Y a-t-il des photographes ou artistes qui influencent votre pratique?

Oui absolument! Je suis inspirée par de nombreux photographes talentueux. Les quatre photographes qui ont le plus influencé mon travail sont Peter Lindbergh, Tim Walker, Tim Burton et Elizaveta Porodina. J’adore leur sens de la créativité! J’admire la façon dont ils imaginent et conçoivent des décors incroyables pour leurs séances photos. L’éclairage parfait, la sensibilité et l’émotion que l’on peut ressentir à travers leurs photos en font mes photographes préférés. La douceur de leurs images m’inspire continuellement dans mon travail pour réussir à capter et faire ressentir différentes émotions dans les portraits que je réalise. L’aspect imaginaire et théâtral que l’on retrouve dans leur travail m’inspire à créer des costumes et des décors et mises en scène pour créer toute une ambiance. Aussi, j’aime le fait qu’il n’y a pas de contraintes. Je ressens une liberté d’expression dans chacune de leurs œuvres.

Parlez-nous d’un projet sur lequel vous avez particulièrement aimé travailler.

J’ai adoré travailler sur « Lost in the wonderland », un grand projet en terme d’implication et d’heures investies dans la création de décors. En petite équipe, nous avons consacré une semaine complète à la réalisation et la conception des décors. Nous avons créé un monde imaginaire à la fois fantastique et féerique. L’une des pièces majeures de la séance photo est un champignon géant d’environ 11 pieds de haut. Dans cette séance photo, tout a été fabriqué à la main par notre équipe. Que ce soit le décor, les costumes, les accessoires, etc. Ce sont toutes des pièces uniques! Ce que j’aime le plus dans mon métier c’est exactement ça! Avoir la possibilité de reproduire mes idées créatives et artistiques, mettre sur pieds mes projets et de les photographier. C’est un processus extrêmement valorisant, satisfaisant, et à la fois très distinctif pour mettre en valeur mon travail.

  
©Dariane Sanchez (Horizont Magazine)

À quoi ressemble une journée de travail?

Une journée de séance photo commence toujours par une petite réunion d’équipe, pour donner le ton à la journée, expliquer mes demandes et écouter celles des membres de l’équipe, puis en profiter pour mettre en place les dernier détails. Une fois que tout le monde est prêt, on commence à « shooter ». Généralement, à la fin de la journée, j’aime prendre le temps de visionner et de sélectionner les meilleures images capturées. Je peux ensuite les partager avec le client pour lui donner un aperçu. D’autres journées de travail peuvent être consacrées à la retouche photo, d’autres à la préproduction pour créer un  « moodboard », fabriquer des décors, etc. Par chance, j’ai un associé à temps plein qui rend tout ça possible.

Comment trouvez-vous l’inspiration pour vos différents projets?

L’inspiration peut venir à tout moment et à toute heure du jour! J’ai toujours avec moi un petit cahier pour noter mes idées. Tout peut être une source d’inspiration! De plus, j’adore feuilleter les magazines de mode tel que Vogue, Harper’s Bazaar, etc. Pinterest est également l’un de mes outils indispensables. Je navigue souvent sur la plateforme en m’inspirant des images que je trouve. Je me crée des albums secrets et je laisse mijoter mes idées.

Comment vous préparez-vous en vue d’une séance photo? Quelles sont les étapes de votre processus de création?

Les préparatifs sont nombreux. Si le « moodboard » n’est pas déjà créé, je vais m’occuper d’en faire un, puis faire du repérage et choisir le lieu de la séance. Ensuite, je vais sélectionner des artistes en fonction du « moodboard » et réunir une équipe pour réaliser le projet. Quelques jours avant la séance, j’aime revoir les photos d’inspirations pour bien m’en imprégner. Je revois l’horaire et m’assure que tous les gens impliqués ont bien reçu les informations. Je fais toujours une préparation de mon équipement. L’équipement dont j’aurai besoin dépend du lieu. Il vaut donc mieux le préparer à l’avance. Évidemment, je m’assure que tout fonctionne bien, et je prévois le matériel de remplacement en cas de défectuosité.

Que souhaitez-vous transmettre à travers votre art?

Je souhaite que mes photographies soient une ode à la beauté qui révèle une histoire intemporelle, émotionnelle et sensible.

©Dariane Sanchez

Une anecdote amusante liée à votre pratique ou au métier que vous souhaiteriez nous raconter?

Oui j’ai plusieurs anecdotes cocasses lié à mon métier. Dans le cadre d’une séance photo, je collaborais avec une entreprise d’élevage de reptiles. En studio, nous avions un crocodile, un scorpion, un python royal, un boa constrictor et une tarentule géante. C’était assez impressionnant de travailler dans cette proximité inhabituelle avec ces reptiles vivants. La mannequin devait faire un look avec chacun. La tarentule était placée sur son visage et, parfois, elle se déplaçait et se déposait sur sa bouche! J’étais bien heureuse d’être derrière ma caméra! J’avais la tarentule loin de moi… mais le boa constrictor se promenait à mes pieds.


Nous espérons que cette entrevue vous a donné envie d’en savoir plus sur le métier de photographe. Un grand merci à Dariane Sanche d’avoir pris le temps de répondre à nos questions.